Le bateau : TRI HEOL, Dragonfly 920



L'Ă©quipage:


en italique, le point de vue de l'Ă©quipage.


Vendredi 30 mai

Nous nous sommes installés le soir sur le bateau, de façon à être fin prêts demain matin pour partir; tous les approvisionnements sont faits avec largesse par l'équipage, qui semble craindre de manquer rapidement de vivres. L'équipage s'installe comme il se doit dans le gaillard d'avant, le capitaine dans le carré.

Pas une minute à perdre nous voilà fin prêts pour le départ, rien ne manque à bord. Couchés avant le soleil, la nuit sera courte, car le réveil est prévu à l'aurore .

Samedi 31 mai

De Quiberon Ă  Loctudy

Lever à 5 heures; petit'déj, puis nous quittons à

6h30 le ponton de Port Haliguen; hissons la GV, qui a accumulé la pluie des derniers jours, et douche généreusement tout le monde; Le temps est calme,léger vent d' Est la mer belle, baro 1014, mais bancs de brume, la visi est à peine de 1 mille. Sortie de la Baie de Quiberon par le raccourci de Toul Bras.

7 h40 passage au moteur de la bouée du Pouilloux, cap sur Groix.

11 h40 toujours au moteur mer plate, passons Groix, cap sur les Glenan; c'est le moment pour philippe d'exprimer ses talents de pêcheur : la première victime sera une belle aiguilette, que nous refusons, nous avons commandé un bar.

14h 50 celui-ci se présente enfin, et fera de beaux filets marinés au citron, un régal!

Entre temps le vent est un peu revenu, et nous arriverons à Loctudy vers 19h, très contents de cette belle journée.

Pour un départ tranquille ,c'est tranquille !!! C'est au lever du soleil que nous partons: spectacle grandiose sur la baie de Quiberon déjà la ligne de traîne est à l'eau le bateau est au moteur trois à quatre nœuds, la vitesse idéale pour la pêche. Deux aiguillettes sont ramenées et remises à leur élément aussitôt, le capitaine est fin gourmet... du bar... uniquement du bar..., celui -ci sera ramené à bord, au large de Groix. Un bar de deux kilos environ, amplement suffisant pour trois. Puis la pêche est suspendue le vent est de retour et TRI HEOL a accéléré. Nous courrons cinq à six nœuds maintenant. A midi, salade et far breton aux pruneaux .Un vrai régal, le capitaine a un sérieux appétit.

Pourquoi des pruneaux dans nos fars bretons ?

Voici ma version si vous en avez une autre je suis preneur... Au temps de la marine à voiles ,les bateaux partaient à la grande pêche pour plusieurs mois se munissant de fûts de pruneaux séchés, de pommes et de poires tapées pour lutter contre le scorbut. Les pruneaux arrivaient du Sud Ouest, les pommes et les poires de la Touraine et de l'Anjou. Au retour des campagnes les marins se partageaient le reste des vivres (quant il en restait).Nos grand-mères bretonnes, économes, comme il se doit, mettaient donc le reste des fruits dans les fars. Voilà comment sont nés les fars aux pruneaux. Les pommes tapées et les poires ont disparu des gâteaux breton, et de pratiquement toute la gastronomie française. De nos jours une personne passionnée continue la tradition de la pomme tapée à Turquant dans le Maine et Loire le dernier tapeur de pomme, la visite du musée est possible.

troglo'tap rue des ducs d'Anjou 49730 Turquant mail:troglo.tap@orange .fr site : http://pagespro-orange.fr/troglo.tap/index.html

Arrivée à loctudy, port tranquille et facile d'accès. Douche deux euros mais chaude et propre. A demain.

Dimanche 1er juin

De Loctudy Ă  Audierne

Philippe va à pied à la boulangerie, qui est assez éloignée, derrière le port de pêche; plein de carburant, puis

à 8h30, départ de Loctudy, vent d'Est 7 Nds, mer belle, baro 1012, direction la Pointe de Pen'march; vers midi, un superbe bar de 4 Kgs au moins est attrappé, mais hélas pour nous et heureusement pour lui, la ligne casse et il retrouve son élément.

13h30 une fois passé la pointe, le vent portant nous permet d'envoyer le spi, en direction d'Audierne, jusqu'à ce que le temps tourne à l'orage; le ciel devient tout noir; spi affalé, puis par précaution nous prenons un ris et réduisons le foc; vent nul, puis forcit sous le grain, puis de nouveau nul, trombes d'eau:

on laisse le moteur et le pilote faire tout le boulot; aperçu un « Mola-Mola Â», et arrivĂ©e Ă  Sainte Evette vers 16h. Le mouillage se remplit peu Ă  peu au cours de la soirĂ©e, surtout des bateaux GB qui sont sur leur grande migration vers le sud; le courrier de l'Ile de Sein « Enez Sun Â» entre plein pot dans la rade et secoue violemment tout le monde... c'est un pro!

Le soir, nous prenons l'annexe pour remonter vers le port d'Audierne; en longeant la digue, nous repérons un petit passage qui mène à une sorte de tout petit port, très joli cadre, et continuons de là à pied vers la créperie; au retour, la mer ayant encore descendu, remettre l'annexe à l'eau sera un peu plus compliqué...

Un deuxième bar a mordu à la ligne de traine. Arrivé au bord du flotteur, un dernier et ultime coup de queue lui sera profitable puisque, l'émerillon de la cuillère s'est ouvert.

Voilà, notre gros bar ..très gros bar...trois quatre kilos ou plus !!!( on ne va pas chipoter ), est parti avec la seule cuillère du bord : Si du côté du Guilvimec vous prenez un bar avec une cuillère dans la bouche dites vous bien que c'est le nôtre, vous pouvez alors le cuisiner, nous inviter, nous apporterons le Sancerre bien frais. Merci d'avance!!!

Nous apercevons à la surface un poisson, frappant l'eau de sa nageoire, Poisson lune ou mola mola, les deux, non ??? capitaine. Le mola mola est le plus gros des poissons osseux au monde, raies et requins sont cartilagineux et les cétacés baleines, dauphins, orques etc sont des mammifères. Les mola mola peuvent atteindre quatre tonnes, ils se nourrissent de céphalopodes, de méduses, etc ...on les voit surtout l'été à la surface, par forte chaleur et lorsque la mer est calme. Ils ressemblent à une meule de moulin, ont une petite bouche qui leur donne une impression de sourire perpétuel .Ils sont gris argenté, repérables dans l'eau par les battements des nageoires à la surface. On peut les approcher de très près sans faire de bruit, ils partent en général dès qu'ils vous voient, sans précipitation, continuer leur vie, ailleurs. Malheureusement eux aussi sont en voie de disparition, victimes des filets dérivants et des sacs plastiques qu'ils confondent avec des méduses. Alors ...à vous de choisir: sacs plastiques ou méduses pour vos prochaines vacances en Bretagne...

Mouillage à Audierne beaucoup de bateaux. Des anglais descendent dans le sud ou sur nos côtes de Bretagne, et quelques bateaux en route pour la Manche attendent le moment de passer le Raz de Sein. Presque toutes les bouées sont prises.

Un grand merci au capitaine du courrier de l'Ile de Sein le ENEZ SUN. Votre bateau, Monsieur... a une belle vague d'étrave et dès votre entrée dans le port de SAINTE EVETTE, notre rhum ti-punch a été bien shaker, au même moment nous avons aussi bien entendu teinter les glaçons dans les verres de whisky de nos amis Anglais. Vagues et retours de vagues, les bateaux ont dansé comme des fous tirant sur leurs amarres. Un conseil pour ce mouillage : n'oubliez pas de doubler et de faire deux tours à la bouée, le capitaine du courrier de l'Ile de Sein a des plaisirs, du haut de sa passerelle, qui sont aux yeux des plaisanciers bien douteux, chacun les siens me direz vous, mais pas au détriment des autres. Enfin Audierne vaut quand même le détour, la crêperie sur le port est excellente.

Un dauphin vient en fin de soirée saluer chaque bateau ...peut être l'ange gardien du capitaine du courrier venant s'excuser... non, là je dors déjà et je confonds rêve et réalité. Allez à demain .

Lundi 2 juin

De Audierne Ă  Camaret

7h50 dĂ©part vers le Raz de Sein; le vent ne NO Ă  12 Nds nous fait bien avancer, et nous pouvons « manger Â» quelques bateaux; ceux-ci passeront le Raz au moteur, alors que nous tirons un bord vers Sein, pour virer ensuite vers le cap de la Chèvre; passage très facile, c'est une première pour Imelda et Philippe;

photos, dommage que la visi soit très mauvaise (pluie), car ces coins sont superbes.

Vers 12h30 nous passons à raser les Tas de Pois, et arrivons à Camaret à 13h30. Philippe part à la recherche de nouvelles cuillères, et nous avons également besoin de vis pour réparer la pompe des Wc qui ne fonctionnent plus depuis deux jours! Grimpé au mat pour remplacer l'ampoule du feu de mouillage par une led, mais ça ne marche toujours pas; il faudra rechercher l'origine de la panne, mais plus tard...

Le Raz de Sein, du gâteau, presque trop facile. Oui, on sait!!! nous avons un capitaine hors pair, un vrai pro du calcul de marée, du courant, des vents, pas une faille. Merci capitaine. Dommage la brume et la pluie nous ont un peu gâché le spectacle de cette côte magnifique.

Le port de Camaret est très sympa. A proximité douche, boulangerie, magasin pour racheter des cuillères, il ne manque rien, un passage obligé.

Mardi 3 juin

De Camaret Ă  l'Aber Wrach

Nous ne sommes pas trop pressés, nous voulons nous présenter à l'entrée du Chenal du Four avec le flot, et quittons Camaret à 10h45. Dans la rade, notre route croise celle d'un sous-marin, préférons virer...

Tirons un long bord vers l'ouest,vent de NO 13 Nds, mer agitée.

À 13h, nous pouvons virer en direction du Four; en approchant du Conquet, nous remarquons une ligne de brisants qui barre tout le chenal : qu'est-ce? Je n'ai jamais vu ça, et n'en ai jamais entendu parler; nous approchons, la mer est très cahotique, nous ferons près de deux heures de rodéo, pratiquement jusqu'au phare de Four; je pense qu'il s'agit d'une sorte de mascaret, aggravé par le fait que le coef de marée est de 100 et que le vent est plutôt contre le courant; tout le monde serre très fort les fesses, ce qui nous rassure c'est qu'une vedette de la police nous a gardé en visu à un mille de distance jusqu'à ce que nous en soyons sorti, et qu'elle a continué de veiller sur les bateaux qui arrivaient ensuite; merci messieurs les fonctionnaires ! (bien oui, il faut reconnaître).

15 h : nous voici dans la Manche, belle houle et soleil; nous entrons dans l'Aber Wrach avec les voiles en ciseaux; en approchant, nous remarquons la goélette ETOILE mouillée à proximité du port;

une fois amarrés au ponton, Philippe héle le zodiac qui se dirige vers l'Etoile, il y a deux hommes à bord; ils se dirigent vers nous, et acceptent de nous emmener visiter leur navire : il s'agit simplement du Commandant et d'un matelot!
Une fois Ă  bord, le Commandant le LV L'HOUR nous fait visiter le batiment, parfaitement entretenu (http://www.netmarine.net/g/bat/etoile/index.htm )
    

     

Ici cohabitent des élèves de l'Ecole Navale et des jeunes un peu en difficulté; sa tâche ne doit pas être facile tous les jours, il nous dit réaliser là un rêve de jeunesse, et nous n'avons pas de mal à le comprendre! Voilà un militaire comme on aimerait en voir plus souvent!


 

Quand nous quittons le navire, il nous recommande de prendre du carburant si nous voulons traverser la Manche, car il n'y aura pas de vent... Nous verrons par la suite que même ce professionnel n'a pas bénéficié de prévisions météo très pertinentes!

Le nouvel aménagement du port est remarquable, et a dû coûter un max...

Nous allons jusqu'au village, mais il est trop tard pour trouver du pain;

Café internet gratuit pour les consommateurs, nous pouvons consulter les cartes météo, le vent semble ne pas poser de problème, l'anticyclone est au milieu du Golfe de Gascogne; une toute petite ondulation sous l'Irlande ne nous inqiète pas trop...

Ce matin grasse matinée, petit déjeuner copieux, douche puis nous larguons les amarres. La rade de Brest nous ouvre ses bras mais ce sera pour une autre fois, cap sur le Four. Nous longeons la côte sud de la rade, quelques virements de bords nous remettent rapidement en forme.

Capitaine, droit devant une roche !!! ou ça? la, juste Ă  midi, mais elle bouge!!! un sous- marin. Nous sommes en route de collision. Bon, on a le temps, pas d'affolement on va voir la bĂŞte de plus près. Depuis la fermeture de la base sous-marine de Lorient les bretons du sud ne rencontrent pas tous les jours « ces drĂ´les de bĂŞtes Â» photos jumelle tout le monde a eu le temps de bien voir « nos impĂ´ts Â»  rentrer tranquillement sur Brest. Maintenant virement de bord ,Ă  nous le Chenal du Four. Repas tranquille le vent est super TRI HEOL file ses huit nĹ“uds dans une petite mer le Four est en vue Ă  la hauteur du Conquet. L'Ă©quipage rĂŞve dĂ©jĂ  de l'Aber Wrach le vent forcit un peu mais tout va bien. La pointe du Finistère : de la rigolade pourvu que ça dure. Attendons la suite!!!..

A la hauteur du Conquet : capitaine, c'est quoi cette barre d'écume devant? On dirait que ça bouge sérieux, tu es sûr que c'est là qu'on passe?

Eh oui, c'est bien là que l'on passe. Ca remue sec, des vagues courtes la mer est toute blanche nous sommes secoués comme un prunier, deux heures de manège gratuit, la queue du mickey ça sera pour une autre fois, un deuxième tour dans le chaudron de la sorcière de la pointe Saint Mathieu, personne n'en veut, alors on taille la route et on serre des fesses.

Au large une vedette grise nous garde en visu. Merci les gars, plutĂ´t rassurant. Elle nous accompagnera tout le long de cette chevauchĂ©e, pour nous quitter Ă  la sortie du four et prendre sous son aile deux autres bateaux que nous croisons Ă  hauteur de l'Aber Ildut. Bien du plaisir Ă  vous, Messieurs, que les vents vous soient favorables. Merci Ă  l'Ă©quipage de la vedette, votre prĂ©sence discrète nous est allĂ©e droit au cĹ“ur. Â« j'ai bien fait de payer mes impĂ´ts cette annĂ©e Â».

La mer redevient comme plus calme le vent est favorable,TRI HEOL fonce sur l'Aber Wrach. L'équipage peut enfin souffler et boire une bonne bière fraîche pour oublier ce rodéo. Imelda a repris la barre, le vent sur le visage, TRI HEOLse barre d'un doigt, la sensation de liberté est totale. Remonte plus près du vent, reste à trente degrés du vent même moins si tu peux, lui rappelle Jean François, qui connait son bateau parfaitement, pour nous, être à trente degrés du vent reste presque miraculeux avec notre biquille Wersterly Centaur, nous sommes le plus souvent à quarante cinq voire plus, et les bords carrés, sans dérive ni courant, restent une de nos spécialités.

Nous voilà déjà à affaler les voiles à l'entrée du port, plier les flotteurs pour nous présenter en monocoque. Super ce bateau !!!!.Bel ouvrage aussi ce port on s'y arrête avec plaisir.

En entrant dans l'Aber Wrach notre plaisir est total, l'Etoile est mouillée sur le camembert juste devant le port.

Nous finissons d'amarrer Tri Heol lorsque l'annexe de l'Etoile passe devant notre ponton: pouvons-nous visiter votre bâtiment messieurs? aussitôt dit aussitôt fait, les brassières nous sont fournies, le commandant nous embarque pour une visite complète:

De la cale au moteur en passant par le carré de l'équipage la cambuse, le poste de pilotage, la barre, les coffres à voiles, la cabine du commandant le carré des officiels il nous montre tout, nous prend en photo. Merci Commandant pour votre sympathie votre courtoisie et votre bonne humeur; j'ai à votre bord Monsieur ressenti un début de fibre militaire, moi l'antimilitariste born,. Que le vent vous soit toujours favorable et vous entraine dans les pays qui bordent les océans et les mers de notre Terre, avec vous Monsieur je suis sûr que les couleurs de notre pays seront partout les bienvenues. Bon anniversaire à Madame le Commandant, j'espère que le plateau de fruits de mer était à la hauteur.

Mercredi 4 juin

De l'Aber Wrach aux Scilly

Après avoir fait provision de pain , nous quittons le ponton à 7h30; l'Etoile est magnifique dans le soleil levant.

Le capitaine dĂ©cide de sortir par le passage de la Malouine et croit ressentir une certaine dĂ©sapprobation de la part de l'Ă©quipage (qui a notĂ© dans le JDB : « on ne fait pas le malin dans la malouine Â»); il est vrai que le balisage est un peu lĂ©ger, que l'endroit n'est pas accueillant, et tout le monde est bien content une fois que les derniers rochers s'Ă©loignent.

Le ciel est bleu, un peu perturbé à l'horizon, baro 1018, vent de SO 10 Nds, tout va bien; nous reportons le point toutes les heures sur la carte papier.

Vers 11h30 le vent monte, 17 Nds, le temps se couvre, nous prenons 1 ris et réduisons un peu le foc.

Le rail d'Ouessant se traverse sans problème: en général, couper la route des cargos ne pose aucune difficulté; ils suivent à vitesse constante une route régulière; le radar permet d'évaluer leur distance, et il suffit d'infléchir sa route de quelques degrés pour passer loin devant ou juste derrière; il n'en est pas de même avec les pêcheurs, dont la trajectoire est totalement imprévisible, surtout s'ils ne sont pas en pêche.

Nous avons du vent portant, et marchons entre 8 et 15 Nds; le vent monte encore vers 15h, 20 Nds, et la houle devient plus forte; il pleut de temps en temps.

À 18h nous prenons le 2ème ris, la houle venant de 3 quarts arrière a tendance à nous faire loffer, il est plus facile de contrôler le bateau, d'autant plus que ça commence à déferler un peu; en fait, il y a une houle croisée très désagréable, dûe au fait que le vent, aprés avoir soufflé du NO pendant plusieurs jours, est maintenant SO.

On a fermé la porte du bateau, et nous faisons un peu rincer dans le cockpit; on commence à compter les miles qui restent pour arriver aux Scilly; heureusement, l'allure est grand largue et il n'y a pas à craindre l'empannage.

La visi est nulle quand nous atterrissons sur la bouée Est d'entrée aux Scilly, le soulagement est grand, et puis rapidement, le ciel s'ouvre, un magnifique arc-en-ciel nous accueille.

Il est 21 h, nous avons donc mis 13 heures pour faire la traversée.

Le mouillage à Saint Mary est très agité, nous continuons vers Tresco, une bouée au Nord de l'Ile nous accueille, nous sommes tranquilles, ti-punch bien mérité pour tout le monde et dodo!

Nous voilà partis pour la traversé de la Manche cap sur les Scilly. Tout est prévu : beau temps belle mer on démarre par la Malouine histoire de réveiller tout le monde. Pas fièr l'équipage. Malgré le rase-cailloux tout se passe pour le mieux, vent de travers mer calme on file huit nœuds si ça continue on arrivera au petit matin. Le vent est monté un peu la houle a fait son apparition tout est parfait comme dans le bulletin de la météo le vent devrait tomber en fin de matinée.

Onze heure trente le vent monte à dix sept nœuds le premier ris est pris. A la météo le vent devait tomber à midi, pas de problème tout ça de moins à faire au moteur.

Le rail est passé, visibilité cinq à dix milles, ça baigne, puis le vent monte encore la pluie diminue considérablement la visibilité. La houle devient plus grosse nous sommes à dix douze nœuds.

A partir de maintenant le vent continuera de monter, la houle de grossir et les vagues de contrecarrer la houle. Le bordel quoi!!! ça ne se dit pas ??? et bien viens, tu vas voir quel adjectif tu donnes à ce truc pas prévu du tout par la météo.

Il pleut maintenant sans discontinuer la visibilité est de un mile. Sur la crête de la houle on voit les bateaux : pétroliers, cargos, porte-conteneurs, et autres villes flottantes au dernier moment; TRI HEOL avec Jean François à la barre fonce grand largue, les quinze nœuds sont parfois atteints, à cette vitesse on sera ce soir aux Scilly, d'ailleurs personne n'a vraiment envie de passer une nuit sur cette mer là !!! deux petites déferlantes nous doucheront copieusement à la remontée des fonds à dix miles environ de notre atterrissage. Vers vingt et une heures, la cloche de la bouée Est des iles Scilly nous accueille. Nous entrons dans l'archipel avec nos deux ris à presque neuf nœuds. Nous virons devant Saint Mary, son mouillage balloté par la houle, ne nous tente pas. Direction Tresco au moteur, un arc en ciel brille dans un ciel bleu.

Là, une bouée nous attend face à la plage du fort. TRI HEOL peut échouer sans encombres. Le bateau est rangé les cirés et le reste mis à sécher. Double ration de ti-punch pour tout le monde, cassoulet même si il est froid tant pis, madiran cuvée cubi, et nous nous couchons ivres de mer, ivres de vent, ivres de bonheur, ivres de fatigue.

Jeudi 5 juin

Visite de Tresco et son jardin Botannique, resplendissant sous le soleil de juin. L'accueil des Anglais est toujours très aimable, voire chaleureux; quel plaisir de voir le soin qu'ils apportent à leurs maisons et à leur environnement! Nous ne pourrons malheureusement pas en dire autant quand nous serons à Ouessant...

Tresco : douche chaude et gratuite, restaurant super le meilleur des hamburgers avec la viande des bœufs de l'ile, viande juteuse et saignante, pain toasté frais tout le contraire de mac do, Guinness fraîche, serveur et serveuse souriants et aimables. Les habitants nous accueillent dans un petit paradis. Le jardin botanique est magnifique somptueux...une merveille : des palmiers partout des fleurs de tous les pays des animaux en liberté . Bon ,j'arrête, vous n'avez qu'à venir voir , c'est un réel paradis.

Vendredi 6 juin

Nous prenons la navette pour Saint Mary; visite des boutiques, les fringues ne sont pas chères et de bonne qualitĂ©; seul le patron de Calico Jack fait exception, ou bien il n'aime pas les français, ou bien il a un sĂ©rieux problème; petite ballade, puis excellent dĂ©jeuner au « Mermaid » : la cuisine anglaise aussi est très agrĂ©able!

Retour au bateau, ce soir c'est rĂ©gate de « Gigs Â», la vedette qui fait la navette propose de suivre la course; il fait beau et les « supportrices Â» se dĂ©chaĂ®nent, encourageant les rameurs aux bras gros comme des cuisses; la course se conclut sur Saint Martin autour d'un barbecue;


 pour notre part, la vedette nous fait faire un tour Ă  l'extĂ©rieur de l'Ile, mais nous ne verrons pas de phoques.

Le capitaine a tout dit. les Scilly ....il faudrait au moins quinze jours pour visiter cet archipel de toute beautĂ©. Je reviendrai vous voir Â«amis anglais du bout du monde Â», gardez vos iles toujours aussi propres, vos jardins fleuris de mille couleurs et vos maisons si bien entretenues merci Ă  vous tous pour votre accueil, mĂŞme Ă  toi ours mal lĂ©chĂ© du magasin Calico Jack, pirate de pacotille, marin d'eau douce, peut ĂŞtre Ă©tais-tu dans un mauvais jour, allez je ne t'en veux pas, tes Ă®les sont tellement belles, tu Ă©tais le seul, Ă  ĂŞtre dĂ©sagrĂ©able.

Samedi 7 juin

Des Scilly Ă  Helford River

Nous quittons à regret ce bel archipel, au moteur, calme plat; on aperçoit très clairement la côte de la Cornouaille anglaise; ce n'est que vers 15h que le vent se lève un peu; je donne un large tour au Cap Lizard, me souvenant d'un passage très agité il y a 3 ans; mais finalement, la mer est calme, le courant nous porte vers l'entrée de la River Fal, puis de la Helford River. Dans la nuit, nous attrapons le premier mouillage libre, et aurons la surprise le lendemain matin de découvrir que nous sommes entourés de centaines de bateaux mouillés dans la rivière; il y a trois ans, c'était un endroit un peu fréquenté, mais très agréable : quel changement en si peu de temps!

Un phoque salue notre départ à regret des Iles Scilly, plus loin un macareux nous tire sa révérence. Dans le petit matin, la mer ressemble à un lac, la baie de Penzance et le cap Lizard sont inondés de soleil. Elles sont belles les côtes de Cornouaille ....Nous entrons au soleil couchant dans la grande baie, avec là-bas, tout au fond, Falmouth. Nous tirons des bords jusqu'au mouillage dans la Helford River .

Imelda à la barre moi à la route le capitaine nous surveille d'un œil parfois des deux. Prise de bouée de nuit dans une rivière, peu fréquentée d'après Jean François. Bizarre dans cette nuit bien noire il me semble voir beaucoup de mats. On verra demain il fera jour.

Dimanche 8 juin

De Helford River Ă  Falmouth

Nous décidons de ne pas nous attarder ici, nous serons mieux dans un port, Falmouth est atteint en moins de deux heures : pas d'excès aujourd'hui!

Toutes les boutiques sont ouvertes, sauf le ship chez qui nous passerons demain avant de partir; dĂ©jeuner excellent au « Clark restaurant Â», tenu par un jeune couple très sympa, d'ailleurs nous y retournerons le lendemain!

Nous sommes au Visitors Yacht Harbour, accueil chaleureux; le port est agréable, propre, douches à volonté. Une petite balade vers Port Pendennis Marina nous permet de voir quelques TRES BEAUX bateaux, dont Mariette (http://www.nautica.it/superyacht/517/mariette/eng.htm), remarquablement entretenu!

Le matin, au réveil une forêt de mats nous attend. La petite rivière tranquille de notre capitaine n'est plus la même.

Petit déjeuner puis on largue l'amarre et en route pour Falmouth, la nav est courte et cool.. Port sympa, bateaux dans tous les sens. Prise de ponton parfaite, le capitaine veille, pas d'erreur permise chez nos amis anglais, le capitaine ne doit pas perdre la face en pays étranger la marine française ne doit pas rougir, je crois qu'il a encore Trafalgar en mémoire, pourtant il n'est pas si vieux que ça, un jeune homme le gaillard.

le prix du port est correct d'autant que les douches sont free et very clean.

les boutiques sont superbes tout est à proximité des bateaux. Le pain fourré de tout ce que vous pouvez imaginer (casse-croute des mineurs et des marins de cornouaille) est excellent, le restaurant le Clark est parfait, finalement on mange très bien en Angleterre et les serveuses sont charmantes et accueillantes

Lundi 9 juin

De Falmouth Ă  Ouessant

Nous projetons de partir dans l'après-midi, ce qui nous permet une visite au ship : le cours de l'Euro nous facilite quelques achats de « première nĂ©cessitĂ© Â».

L'anticyclone est cette fois bien installĂ© sur le Golfe de Gascogne et gĂ©nère un agrĂ©able vent de Nord Ă  10 Nds. Baro 1026, « vent du cul la mer est belle Â», ciel bleu, nous envoyons le spi Ă  14h30 pour l 'amener Ă  18h, quand le vent tombe. 2 heures de moteur, puis le vent revient.

La nuit est claire, la Voie Lactée bien visible.

Derniers achats, repas au restaurant le Clark, «quand la table est bonne on y retourne», et en route pour une nouvelle traversée, cap sur Ouessant, temps calme, visibilité excellente, nuit étoilée clair de lune, elle disparaitra vers trois heure« c'est beau aussi un coucher de lune, moins flamboyant que le soleil mais plus intimiste».

Quelques gros bateaux se déplacent dans les rails mais avec cette visibilité rien de bien inquiétant. Nous veillons chacun à notre tour. Vers trois heures du matin , le froid commence à se faire sentir, la fatigue, l'humidité aussi. Vers quatre heures durant mon quart avec Imelda, un bateau de pêche (caseyeur) muni d'un gyrophare jaune nous inquiète un peu. Nous réveillons le capitaine. Le pêcheur passe juste sur notre arrière puis s'éloigne, nous le gardons à l'œil un moment, pas reposant le gaillard !!!.

Mon quart se termine. La tête dans les étoiles , j'attends le lever du soleil j'ai toujours préféré le lever au coucher du même astre, la lumière est plus profonde, mais le sommeil me gagne . Allez à tout à l'heure pour moi dodo. Le soleil se lève donc sans moi.

Mardi 10 juin

De Falmouth Ă  Ouessant

Les rails se passent sans difficultés, sauf quand nous remarquons au loin un bateau équipé de gyrophares; il suit une route changeante, que nous ne comprenons pas très bien, quand assez rapidement il se trouve très proche de nous, nous sommes clairement en route de collision; je loffe de 30 degrés pour m'écarter en gagnant un peu de vitesse, et il passe à 200 mètres sur notre arrière : il s'agit d'un caseyeur, nous a-t-il vus? Nous ne le saurons jamais; cette pratique des gyrophares est un vraiment abusive et à notre connaissance il ne s'agit pas de feux réglementaires de navigation!

Dans la matinée, alors que le temps est beau, nous remarquons une petite bande de nuages sombres sur l'horizon, vers l'Ouest; celle-ci grossit rapidement, et finalement la brume envahit tout le paysage, la visi tombe à quelques mètres.

Nous entendons une corne de brume, c'est un petit caboteur qui passe sur notre arrière (vu au radar).

Nous approchons d'Ouessant, la mer est de plus en plus agitée, le vent de l'arrière nous fait craindre l'empannage et nous amenons le GV, pour continuer sous foc seul; à la renverse de marée, le courant porte au SO, nous dérivons de 30 à 40°!

Soudain, apparaĂ®t dans le ciel un objet que nous prenons tout d'abord pour un hĂ©lico dĂ©gageant un gros nuages de fumĂ©e, puis carrĂ©ment pour un ovni tellement sa forme est bizarre, cela dure 5 minutes, puis Philippe s'Ă©crie « un phare, c'est un phare ! Â»; effectivement, il s'agit du haut du Creach qui Ă©merge seul de la brume...

Quand nous entrons à 15h30 dans la Baie de Lampaul avec un vent de 18 Nds, le soleil réapparaît aussi vite qu'il avait disparu; nous avons le choix des corps-morts, il n'y a que 3 bateaux.

Débarquement à la recherche d'une douche, la seule en état de fonctionnement est celle du camping, mais il faut acheter les jetons à la mairie, fermée quand nous arrivons. L'accueil, ou plutôt le non-accueil, contraste avec ce que nous avons connu en Angleterre... on prendra une bière sur le bateau!

Imelda vient me réveiller, je dormais pourtant bien.« Philippe, viens, on est en plein brouillard, on ne voit presque rien, une vraie purée de pois». C'est certain pour atterrir sur Ouessant on pouvait rêver mieux. Vent arrière, mer de plus en plus forte, allez stop ....le capitaine vous a raconté déjà tout ça .

Ouessant est une de mes iles préférées, mais après les Scilly il y a plusieurs choses qui manquent : de la couleur aux maisons, des jardins fleuris, l'accueil des services du port, des douches qui fonctionnent même payantes, enfin toutes ces choses qui vous donnent envie de revenir vous voir, Gens de Ouessant.

Sur votre île à défier toutes les tempêtes venant du grand océan, je vous aime.

Faites seulement qu'à l'arrivée des bateaux, les visiteurs se sentent accueillis.

Mercredi 11 juin

De Ouessant Ă  Sainte Marine

DĂ©part Ă  11h30, et alors lĂ , c'est le bord parfait : au largue, mer belle, vent 10 Ă  15 Nds, le bateau glisse et surfe sur la houle en direction du Raz,


puis de la Pointe de Pen'march; bonjour Ă  la bouĂ©e « Les Putains Â», puis remontĂ©e vers l'Odet; ça va vite, merci le lecteur de cartes, on n'aurait pas le temps de faire des points par relèvements!

Arrivée à Sainte-Marine vers 22h30; ici, pas d'aide comme en Angleterre pour s'amarrer au ponton; les français sont vraiment coincés, on nous regarde faire.

Bord parfait!!! tu oublies capitaine !!! oui ,bord parfait et tranquille jusqu'à la pointe de Pen'march . Tu te rappelles du bateau devant nous, toutes voile dehors ? Allez les moussaillons on le rattrape... la régate commence, les bouées défilent vite, si vite.... merci le lecteur de cartes, surtout que l'autre animal ne se laisse pas faire. Bord à bord on le grignote, trois heures de régate, les écoutes bordées au maximum, on lui prend son vent.

Salut de notre part on gagnait, salut plus discret de leur part ils perdaient.

Ensuite nous les avons bien distancés, ils ont viré de bord cap sur Loctudy nous, nous avons continué droit devant en levant le pied, puis nous avons viré pour mettre le cap sur Sainte Marine, et là à leur tour ils ont viré eux aussi, cap sur Sainte Marine . Ils avaient le vent pour eux, dernier bord nous revenons sur eux mais trop tard, ils affalent plus vite que prévu bien avant l'entrée du port. On les a retrouvé au ponton pas un salut!!! pas un bonsoir!!! vexés les gentlemen, pourtant tactiquement ils avaient été meilleurs, en vitesse pure nous étions mieux, mais pas de quoi faire un fromage!!! Bon pas de chance on ne se fera pas de copains ce soir, le ti- punch on le boira entre nous.

Jeudi 12 juin

De Sainte-Marine – l'Odet à Doëlan

Nous avons attendu la marée pour remonter l'Odet au moteur; déjeuner tranquille sur un corps-mort prés d'une jolie crique (Gouesnach), puis retour et direction Doëlan, mer belle et vent portant, nous sommes régulièrement au-dessus de 10 Nds sans forcer.

18 h arrivĂ©e Ă  DoĂ«lan, la prise du mouillage est un peu salissante; notre projet de manger des sardines grillĂ©es au Â»Rive Gauche Â» tombe Ă  l'eau, il est fermĂ© le jeudi, nous nous consolons en allant au « SuroĂ®t Â», et ne sommes pas déçus : un jeune couple a repris l'affaire et soigne sa clientèle.

journée tranquille, là le capitaine a vraiment tout dit.

Vendredi13 juin

De Doëlan à Port Haliguen

Dernière étape, les employés du port nous aident à enlever un fil de pêche qui s'était enroulé autour de l'hélice.

Peu de vent, nous rencontrons des Figaro qui rejoignent PH pour une « Course de Falaises Â»; un peu de spi, et un peu de moteur; le vent sera lĂ  comme d'hab pour arriver Ă  PH.

DĂ®ner Ă  l'excellente Crèperie « Aux Armes de Bretagne Â».

le capitaine me laisse de moins en moins de chose à narrer, il ne s'est pas non plus passé grand chose ce jour là.

C'est bon de rentrer aussi chez soi, partir pour revenir il paraît qu'on appelle ça voyage, partir pour ne plus revenir!!! peut être un jour.

Samedi 14 juin

Port Haliguen

Nettoyage et rangement.

Le mot de la fin de l'Ă©pisode:

Notre navigation a été un super moment riche d'enseignement avec notre «chouette» capitaine.

La mer et la navigation sont vraiment une source de plaisir et un spectacle de chaque instant.

Nous rentrons, nos joues tannées par le soleil, dans nos oreilles soufflant toujours le vent du large avec dans nos têtes toujours des envies d'ailleurs.